Le 2 août 1914 nait au Québec, de Fabiola Parrot et Léonidas Leclerc, le petit Félix, sixième enfant d’une famille qui en comptera onze, tous musiciens dans l’âme. Dés son enfance, il est du reste initié à la musique classique par sa grande soeur.
Les répercussions de la crise de 1929 l’obligent à interrompre des études universitaires, et après un emploi de ferme, il entre alors à la radio encore naissante, où il joue dans des radio-romans, en adapte les scénarii, écrit des pièces et s’essaye à la chanson. Il fonde une compagnie qui se produit dans tout le Québec.
L’impressario Jacques Canetti (Philips/Polydor) le découvre et le convie à chanter en France dés 1950, et c’est le succès immédiat !
Dans la lignée de Jacques Brel ou de Georges Brassens, il est très apprécié du public français, tout comme ses homologues Gilles Vigneault ou Robert Charlebois, avec lesquels il participe à la célèbre Superfrancofête des plaines d’Abraham en 1974 qui attira 100 000 spectateurs.
Officiellement reconnu des deux côtés de l’atlantique, il est fait Grand Officier de l’Ordre National du Québec en 1985, et se voit remettre par la France, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1986.
L’anecdote rapporte qu’il s’est éteint le 8/8/88 à 8h sur l’Ile d’Orléans. Les funérailles se déroulèrent simplement en l’église de Saint-Pierre, où dans le petit cimetière, une pierre tombale discrète le commémore.
Le Tour de l’Ile (Chanson de F. Leclerc)
Pour supporter, le difficile et l’inutile,
Y a l’tour de l’île, quarante-deux milles de choses tranquilles,
Pour oublier, grande blessure, dessous l’armure,
Été, hiver, y a l’tour de l’île, l’Ile d’Orléans.
L’Ile c’est comme Chartres, c’est haut et propre, avec des nefs,
Avec des arcs, des corridors et des falaises,
En février, la neige est rose comme chair de femme,
Et en juillet, le fleuve est tiède sur les battures.
Au mois de mai, à marée basse, voilà les oies,
Depuis des siècles, au mois de juin, parties les oies,
Mais nous les gens, les descendants de La Rochelle,
Présents tout l’temps, surtout l’hiver, comme les arbres.
Mais c’est pas vrai, ben oui c’est vrai, écoute encore.
Maisons de bois, maisons de pierre, clochers pointus,
Et dans les fonds, des pâturages de silence,
Des enfants blonds nourris d’azur comme les anges,
jouent à la guerre imaginaire.
Imaginons, l’Ile d’Orléans, un dépotoir, un cimetière,
Parcs à vidanges, boîte à déchets, U. S. parkings,
On veut la mettre en mini-jupe, and speak English,
Faire ça à elle, l’Ile d’Orléans, notre fleur de lys
Mais c’est pas vrai, ben oui c’est vrai, raconte encore.
Sous un nuage, près d’un cours d’eau, c’est un berceau,
Et un grand-père au regard bleu qui monte la garde,
Il sait pas trop ce qu’on dit dans les capitales,
L’œil vers le golfe, ou Montréal, guette le signal.
Pour célébrer, l’indépendance, quand on y pense
C’est-y en France, c’est comme en France, le tour de l’île
Quarante-deux milles, comme des vagues, les montagnes
Les fruits sont mûrs, dans les vergers de mon pays.
Ça signifie l’heure est venue, si t’as compris…
Le 14 janvier 1850 nait à Rochefort-sur-Mer d’une mère oléronaise, Nadine Texier, et de Théodore Viaud, l’enfant Julien Viaud, troisième enfant de la famille. A 7 ans, il vient passer de longues vacances à Oléron dont il garde un merveilleux souvenir. Trois de ses tantes résident à Saint-Pierre. A 15 ans, il apprend que la mer lui a enlevé à jamais Gustave, ce frère aîné qu’il aimait tant.
Deux ans plus tard, il décide d’entrer à l’Ecole Navale de Brest. En pleine guerre de 1870, il perd son père, alors qu’il participe aux hostilités contre les allemands à bord d’une corvette militaire.
Lors d’une escale à Tahiti en 1872, il écrit le Mariage de Loti dont il gardera le pseudonyme. L’ouvrage sera publié en 1880 et remportera un franc succès. S’en suivent Le Roman d’un Saphi, époque où il prend le grade de lieutenant de vaisseau, puis Fleurs d’ennui, Pasquala Ivanovich, Voyage au Montenégro, Suleïma, Mon Frère Yves, et en 1886 son plus célèbre roman « Le Pêcheur d’Islande ».
Il épouse alors Blanche Franc de Ferrière, et de leur union naîtra Samuel en 1889. La consécration vient en 1891 où il rentre à l’Académie Française.
En 1898, il acquière à St-Pierre d’Oléron la « Maison des Aïeules », l’ancienne demeure familiale qui avait été vendue en 1832 pour des raisons pécuniaires. Il publie encore de nombreux livres dont un autre roman à succès, Les Désenchantées en 1906, ou encore Prime jeunesse en 1919. Il disparaît le 10 juin 1923 à Hendaye. Le 16 juin, sa dépouille est transportée sur Oléron, où lui sont réservées de grandes obsèques nationales. Une plaque est apposée sur sa maison qui ne se visite pas.
Le Roman d’un enfant (1890) – Extrait –
Pierre Loti évoque ses souvenirs d’enfance sur l’Île d’Oléron.
« La grand’côte ou la côte sauvage est toute cette partie de l’île qui regarde le large, les infinis de l’océan ; partie sans cesse battue par les vents d’ouest. Ses plages s’étendent sans aucune courbure, droites, infinies, et les brisants de la mer, arrêtés par rien, aussi majestueux qu’à la côte saharienne, y déroulent, sur des lieues de longueur, avec de grands bruits, leurs tristes volutes blanches. Région âpre, avec des espaces déserts ; région de sables, où de tout petits arbres, des chênes verts nains s’aplatissent à l’abri des dunes. Une flore spéciale, étrange et, tout l’été, une profusion d’œillets roses qui embaument. Deux ou trois villages seulement, séparés par des solitudes ; villages aux maisonnettes basses, aussi blanches de chaux que des casbahs d’Algérie et entourées de certaines espèces de fleurs qui peuvent résister au vent marin. Des pêcheurs bruns y habitent : race vaillante et honnête, restée très primitive à l’époque dont je parle, car jamais les baigneurs n’étaient venus dans ces parages. »
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